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Est-ce que tu as de l’aide?

Une question anodine postée sur mon groupe facebook a suscité des réponses très intéressantes, diverses et variées.

Cette question, c’était: « Est-ce que tu as de l’aide? ». Certaines le prenaient mal car cela sous-entendait qu’elles n’arrivaient pas à gérer leur famille, d’autres auraient accepté de l’aide mais n’osaient pas en demander par peur du jugement d’échec que cela représenterait, d’autres s’en fichaient, etc… Et si on dit qu’on a de l’aide, sommes-nous moins admirables ? Est-ce rassurant pour les autres de savoir qu’on n’arrive pas à tout gérer (comme eux)?

Je travaille à 60% en tant qu’instit, je m’occupe de mes 6 enfants le reste du temps, de mon site, d’une autre association, j’essaye de tenir ma maison, mon couple, éventuellement moi… tout être humain normalement constitué peinerait un petit peu, je pense.

Ces temps, j’en ai marre. Mais vraiment marre…

J’en ai marre de gérer.
De tout gérer. Gérer l’école (et ses nombreux rendez-vous chez les spécialistes, à l’école, etc) de mes enfants qui, hélas, ne se passe pas très bien quand on a des enfants particuliers. Marre de gérer la bouffe, le ménage, la lessive, marre d’anticiper les vacances (donc lessives, chaussures qui ne vont plus, gants qui sont tout seuls et qu’il faut aller racheter, tubes vides de crème solaire,…). Marre de gérer les rendez-vous extrascolaires et les courses de taxi, marre de gérer tous mes à-côtés qui me faisaient beaucoup de bien avant, marre d’avoir des imprévus comme les béquilles de ma fille qui rajoutent au minimum 2 trajets par jour (et donc plombe ma routine du matin de 10 min), marre d’organiser les fêtes avec tout ce que ça implique… (mince! je n’ai pas pensé aux lunettes de ski/ soleil!???).

@MissChurro102

Bref, j’en ai marre d’être une super maman qui s’oublie. Je n’ai plus le temps d’être moi et de m’occuper de moi. C’est déjà difficile pour le couple, mais moi, je passe encore après…

Je me mets la pression toute seule. Tout le monde sait que je gère – tant bien que mal – d’ordinaire toutes mes activités, mes enfants, mon job, etc… Et si je ne gère plus? Que va-t-il se passer? Eh bien, je vous le donne en mille, on va me dire: « T’avais qu’à pas avoir autant d’enfants! ». Cette fameuse phrase qu’on me ressort dès que quelque chose péclotte, dès que j’ose évoquer une éventuelle idée de fatigue… Des fois, j’ai l’impression qu’on m’attend au tournant, qu’on attend le moindre petit manquement pour me lancer cette phrase à la figure. Et vraiment, je n’aime pas. Parce que si j’avais 2 enfants et que je dirais ce que je dis (que j’en ai marre de tout gérer… zut! j’ai oublié de laver la combinaison de ski de numéro 4, et numéro 3 a oublié son maillot de bain à l’école, il faut que je lui rappelle demain matin de le ramener impérativement!!!), ben… ça passerait. Parce que c’est dans la norme, et que quand on est dans la norme, on a le droit de se plaindre (je n’ose pas penser aux mamans d’un enfant qui ose (bravo d’ailleurs, il faut continuer!) se plaindre et qui doit entendre une variante de  » non mais t’as qu’un enfant quoi! comment tu peux te plaindre?)
Rassurez-moi, les mamans de 2 enfants, vous aussi vous en avez marre parfois de tout gérer? Vous avez parfois envie de tout laisser tomber et de partir loin loin loin? Et vous, les mamans de 1 enfant? Et vous, les mamans de familles nombreuses?

Je crois surtout que ce qui me révolte le plus dans tout ça, c’est que le travail des mamans (parce que ce sont souvent elles qui gèrent le plus à la maison) ne compte pas. La société, les patrons, les entreprises, nos propres familles ne se rendent absolument pas compte de ce que c’est d’élever un enfant (ou plusieurs) en 2018, et toute la pression qui va avec. Tous les livres sur l’éducation bienveillante, sur le slow food, sur l’allaitement, sur la réussite de sa grossesse et de son accouchement, de son bonheur personnel, dans le couple et dans la famille, sur l’épanouissement au travail… tout ça met une pression de dingue sur les femmes qui ont des enfants (et sur les autres qui sont en couple aussi… j’ai envie de leur souhaiter bonne chance!). On n’a pas le droit à l’erreur! Le monde du travail, où la performance est le but, a déteint sur la vie de maman… (oups! il ne faut pas que j’oublie de préparer mon repas et celui de numéro 6  car on ne mange pas à la maison demain…).

Et là, maintenant, j’ai envie de dire stop. Oui, je suis fatiguée, et je me réjouis de ces vacances, où je vais pouvoir relâcher les horaires. Oui, j’ai choisi d’avoir beaucoup d’enfants mais je ne savais pas qu’ils auraient des besoins particuliers et que ce serait si difficile de communiquer avec leur école (pas tous les profs heureusement! Ils ont aussi quelques perles) par exemple. Oui je les aime plus que tout mais j’ai besoin de penser à moi. (faut annuler le rendez-vous chez le doc le 26 car ça joue pas niveau horaire… et qu’il est fermé la semaine prochaine… Et crotte, j’ai encore oublié de commander le gâteau pour le 1e anniversaire de Punk6!!). Parce qu’une maman fatiguée, ce n’est pas bon pour eux (assez culpabilisant aussi d’ailleurs je trouve). Et sur ce coup-là, je voulais remercier mon mari qui va partir 5 jours avec les 4 plus grands, et où je pourrai (normalement) me reposer (je n’en aurai plus que 2 à mi-temps car l’accueillante en milieu familial n’est pas en vacances) … C’est une véritable bouffée d’oxygène, pour eux et pour moi!

Et pensez juste que si une maman se plaint, ce n’est pas une faiblesse, mais une preuve d’humanité.

Bon, allez, sur ces derniers mots plein d’espoir, je vous laisse et vous souhaite de belles vacances pour celles qui ont la chance d’en avoir (et bon courage aux autres…). On se retrouve en pleine forme dans une grosse semaine!

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